Sur mon bureau, je dispose d’un petit calendrier dont j’arrache les pages chaque jour. Ce geste marque l’arrivée d’un jour nouveau et la fin d’un hier. A chaque fois que je le fais, je pense au temps qui passe, à la mort des jours, à ces petites morts  qui jalonnent notre vie. Une rose qui tombe, une illusion qui s’en va, une relation qui se termine.

Nous vivons ainsi des petites morts qui nous font d’autant plus souffrir que notre attachement est grand. Pourtant elles sont le signe de transformations continuelles qui viennent toucher notre être et peuvent parfois nous aider à évoluer et même à nous transcender.

Toute petite mort génère une renaissance. Pourtant nous devrions comprendre que rien n’ai jamais acquis et que tout peut être bouleversé en quelques secondes. Lorsque j’arrache la page de mon calendrier je ne sais nullement ce qui  va m’attendre dans la journée. Je ne sais pas non plus à quelles petites morts je vais devoir faire face. C’est la vie ! Et tous les matins je pense aussi que je devrais pratiquer un peu plus le détachement !

Je suis en vacances pour quelques jours en Bretagne, dans la presqu’île de Quiberon. A la sortie de la presqu’îlen, en prenant la route qui mène à Carnac, on emprunte une petite route qui débouche sur l’abbaye de Kergonan. Nous arrivons sur une grande place où se dresse au milieu l’abbaye. C’est une grande bâtisse d’un seul tenant entièrement construite en pierre de granit….Du solide, quoi !!

Nous montons quelques marches pour nous retrouver devant une lourde porte en bois où un panneau indique » Boutique de l’abbaye"

En fait à kergonan, il y a deux abbayes , l’une pour des religieuses et l’autre pour des moines, toutes deux appartenant à l’ordre des bénédictins dont la vocation est l’accueil des autres.

Nous entrons dans la boutique où une religieuse toute petite et toute menue à la peau très blanche nous accueille. Elle a l’air bien sympa et j’engage la conversation avec elle. La vie monastique m’a toujours fasciné bien que je sois assez éloigné de ce mode de vie.

-Depuis combien de temps êtes vous à l’abbaye ?

- 33 ans, comme si c’était hier . J’ai 77 ans !

- Que faisiez vous auparavant ?

-J’étais greffière au tribunal de Versailles.

-Vous est-il arrivé d’avoir des regrets de mener une vie si particulière ?

-Pas un instant. Cela a toujours été une évidence. Je me suis toujours considérée comme une servante  de Dieu.

-Comment occupez vous vos journées ? l’

-Oh, là, là. Elles sont bien remplies. En fait j’ai trois activités : la prière d’abord, puis deux autres qui m’ont été confiées par la mère supérieure. La responsabilité de la boutique qui m’a valu cette recommandation de la mère supérieure »N’oubliez jamais que votre vocation première, c’est l’accueil et non le commerce !! ».

La dernière activité concerne le jardinage. J’ai en charge l'entretien de la grande place centrale. Pour moi c’est une activité essentielle. J’adore le jardinage qui me permet de me recentrer.

Ici nous sommes 19 religieuses et chacune d’entre nous a des missions bien spécifiques.

Il était 17h. La sœur nous a quitté pour aller au Vêpres. Nous l’avons suivi et avons assisté à l’office. Pendant l’office j’ai beaucoup pensé à la vie de toutes ces religieuses, une vie austère, d’un profond amour en vers Dieu, une vie bien loin de la mienne…..

Nous avons quitté l’abbaye . Une auréole flottait au dessus de nos têtes …….

Je suis un billet de 50€. Je suis né à la banque de France qui m'a déposé dans un distributeur situé près de la Porte d'Auteuil , à Paris.  Je m'en souviens comme si c'était hier. Mon premier propriétaire était  un vieux monsieur qui m'a glissé dans son porte monnaie où il n'y avait pas grand chose, seulement quelques pièces de 10 et 20 centimes. Il n'était pas riche !

 Et m'a vite échangé contre quelques denrées alimentaires. Alors pour moi à commencer une vie de billet, à passer de mains en mains, à rester au fond des poches et même à tomber par terre sans que le propriétaires ne s'en rende compte. J'ai beaucoup voyagé  à travers plusieurs pays et j'ai tout connu.

 J'ai connu des gens riches et des gens pauvres, des avares et des généreux, des dépensiers et des grippes sous. J'ai connu le marché noir et les circuits parallèles: la drogue, la prostitution. Je passais de mains en mains en échange de cames ou de filles, avec plein d'autres billets.

Un jour j'ai même fait partie de l'argent servant à payer une rançon pour délivrer quelqu'un. Je ne suis qu'un modeste billet de 50€ mais je pourrais en raconter sur les humains, leurs vices et leur générosité,  sur le capitalisme et ses travers, sur la fascination vis à vis de l'argent.

Ce que je n'aime pas, c'est de rester enfermé dans une tirelire ou de stagner au fond d' une banque à l'intérieur d'une liasse de billets  de 50€. J'ai l'impression d'être inutile. Moi ce qui me plaît le plus , c'est de changer constamment de propriétaires et de voyager afin de rencontrer différents milieux.

J'apprécie particulièrement les sacs à main des belles dames parce que ça sent bon et que l'on trouve tout un tas de choses. Maintenant je suis un peu fatigué et je suis tout froissé. Mon teint est devenu gris et s'est fané.  J'aimerais bien me reposer un peu mais la frénésie des hommes  vis à vis de l'argent est toujours aussi intense. La retraite n'existe pas pour moi.......

 Bon voilà, je viens de mourir! Ce n'est pas aussi difficile que l'on pourrait le penser. Il n'y a rien d'effroyable. Si j'osais, je dirais même que c'est agréable. Je suis passé de l'autre côté. J'ai l'impression de flotter et de monter vers la lumière. Je sens que l'on m'attend là-haut. J'ai besoin de repos avec tout ce que j'ai vécu sur terre. Je revois ma vie et c'est pas terrible! Quel monde que cette planète. La jungle......C'est la loi du plus fort qui l'emporte. Aucune douceur, que de la violence. Avec le recul, je me dis qu'ils sont tous fous alors que, s'ils le voulaient, ils pourraient vivre de façon harmonieuse. Moi j'ai fait ma vie pour un temps. Ouf.....En attendant la suivante....Je ne pensais pas mourir si vite. Cela s'est fait d'un coup. Une crise cardiaque et je suis parti. Un vrai choc pour ceux qui sont restés. Ils n'ont pas compris, ont pleuré, ont souffert. Je les regardais et j'étais malheureux pour eux. J'ai même assisté à mon enterrement. Dommage je voulais que l'on joue l'Hiver( les quatre saisons de Vivaldi) mais ils n'y ont plus pensé sans doute traumatisés par la douleur de me perdre. Je ne pouvais ni les aider ni leur parler. Comme un mur qui m'empêchait de communiquer. Il va falloir que je trouve un truc pour parler avec eux. En tout cas je vais avoir du temps pour les regarder vivre, savoir ce qu'ils pensent. Peut être que je vais découvrir des choses inavouées?

Je ne suis pas triste, simplement libéré. Un autre monde m'attend. Nous sommes tous des voyageurs de l'éternité. Nous montons et descendons. Nous partons et nous revenons. Ainsi va l'Univers: mort et renaissance. 

Un premier cri sort de nos poumons et nous entrons dans le monde. Et pourtant dès notre naissance, nous commençons un long processus de séparation avec ce monde dans lequel nous allons vivre. Un chemin d’illusion s’offre à nos pas que nous empruntons d’une façon tout à fait inconsciente. Petit bébé innocent, qui va affronter la vie avec toutes ces incertitudes, deviendra, au fil du temps, un adulte formaté, façonné, stéréotypé par une éducation, des habitudes, des réflexes qui se répéteront  sans cesse face aux événements de l’existence.

C’est seulement maintenant que je peux exprimer cela, à cette époque de ma vie où je commence à basculer tout doucement vers la vieillesse. En me remémorant ma vie, enme penchant sur mon passé, je me suis rendu compte que j’étais devenu un être conditionné qui agissait et réagissait en fonction d’une structure mentale que mon entourage (parents, école, groupe social, culture) n’avait cessé de nourrir tout au long de ces années.

Bien sûr, il y a un peu de moi dans tout cela, mais aussi beaucoup des autres. Nul regret cependant mais une envie très forte à ce stade de ma vie de me débarrasser de cette peau, de cette sorte de gangue dans laquelle j’ai été longtemps prisonnier.  Prisonnier aussi de mes passions, désirs, instincts, besoins exigeants qui faisaient de moi un individu en quête de bonheur, de survie, de comparaison, d’attentes diverses, prisonnier d’un égo trop présent.

Je souhaite désormais exprimer mon essence profonde et ne plus être dans un rôle de composition qui m’a mené bien souvent sur des chemins de travers.

Alors je me dépersonnalise d’une certaine façon. Je m’écoute moins et j’écoute plus les autres. Loin d’être parfait, je développe d’autres valeurs : l’écoute, la compassion, l’attention aux autres et à mon environnement, la pratique du silence, la tolérance. Tout cela tend à dissoudre les frontières de mon être et à me placer dans une perspective de compréhension plus vaste. C’est ce que j’appelle la dépersonnalisation. Cette transformation se fait imperceptiblement mais je la ressens physiquement. Moins de réactions, de stress, d’attachement aux êtres et aux choses. C’est comme une libération qui imprègne de plus en plus ma personne. Mes certitudes s’effacent et le doute et le recul sont plus présents.

Oui mes doutes commencent à être passionnants et m’invitent à ne plus formuler de jugements de valeurs, à être moins directif et exigeant. Ils m’aident aussi à élargir ma vision du monde, en abandonnant un certain nombre de certitudes qui ne pouvaient que restreindre mes appréciations.

Vous pourriez me dire : mais alors pourquoi parles-tu souvent de toi sur le blog ? Parce que j’ai toujours pensé que ma propre expérience pouvait être utile aux autres et que rien ne vaut le vécu. La théorie est toujours très facile puisqu’il s’agit de mots  Un jour viendra où sans doute moi aussi je m’effacerais. Je n’aurais plus rien à dire, simplement à être. Mais je n’en suis pas encore là…….

Dans mes cours de yoga, j’ai toujours près de moi deux pierres : un cristal de roche et un quartz rose. J’aime beaucoup les pierres car elles dégagent des énergies spécifiques. Il suffit de poser sa main dessus, de fermer les yeux et de ressentir. Par exemple, du cristal de roche, émane une énergie pleine de pureté qui a pour vertu de nettoyer et régénérer. Je ressens qu’elle est apte à dissoudre toutes les scories et les énergies négatives de notre être. Le cristal de roche est une pierre blanche, à la fois transparente et opaque par endroit. C’est une pierre dure et froide très bénéfique pour la santé et l’esprit

D’ailleurs, souvent, j’effectue avec mes élèves un exercice de visualisation avec l’énergie du cristal. Je leur demande de visualiser une sphère de cristal posée au milieu de la cage thoracique et de la faire doucement respirer. Cette respiration permet de la faire grandir et de laisser cette belle énergie se répandre dans tout le corps pour le régénérer totalement, profondément. A partir de là, on peut même entreprendre un travail de nettoyage sur toutes les cellules du corps….. C’est une pierre aux grandes vertus : purification des énergies, gommage des blocages émotionnels, rééquilibrage.

Quant au quartz rose, magnifique pierre, qui dégage également de bonnes vibrations, elle a une incidence bénéfique sur le système nerveux et le cœur. C’est la pierre de la douceur et de l’amour. Un problème d’insomnie ? Un quartz rose sous son oreiller……

Ces deux pierres magnifiques sont en correspondance étroite avec deux chakras : le cristal de roche avec le chakra coronal( situé sur le sommet du crâne) et le quartz rose avec le chakra du cœur. Je propose souvent des exercices de visualisation avec ses deux pierres afin d’en percevoir et d’en ressentir les effets bénéfiques. En fait tout ce qui nous entoure est vibratoire, les pierres comme les plantes, les objets et les humains. Nous vivons dans un immense bain vibratoire sans toujours nous en rendre compte. Pourtant nous aurions tout intérêt à en prendre conscience et à discerner les bonnes vibrations des moins bonnes. Cela constituerait un atout non négligeable pour mieux vivre

Hier soir, à la fin du cours de yoga, je suis resté à discuter avec l’une de mes élèves qui exerce le métier de psychomotricienne . Je souhaitais savoir en quoi consistait son métier. C’est avec passion qu’elle m’expliqua son activité.

Elle s’occupait d’enfants autistes et son rôle consistait à les stimuler afin de les sortir de leur enfermement. Je lui fis remarquer que ce métier devait être difficile. « Pas du tout » me répondit elle «  C’est un métier gratifiant où la dimension de compréhension humaine est importante. La semaine dernière l’un des enfants dont je m’occupe m’a fait, avant de me quitter, un petit signe de la main pour me dire au revoir. C’était la première fois qu’il me faisait un tel signe. D’habitude il me quittait indifférent. Vous ne pouvez pas savoir comme cela m’a ému !! J’ai été touché en plein cœur. C’était un geste anodin mais si important pour lui ». En me racontant cette petite histoire je sentais beaucoup d’empathie dans ses propos…..Elle les aimait tous ces enfants.

L’empathie, voilà une belle valeur que j’essaie de pratiquer avec parfois plus ou moins de succès. Oui l’empathie c’est une belle façon de communiquer. Pour cela il faut un peu mettre son ego de côté et  avoir la capacité à se mettre à la place de l’autre. L’empathie exige écoute et disponibilité pour nous placer dans la compréhension de l’autre comme une identification à autrui. C’est important de s’intéresser aux autres, ne trouvez-vous pas ?

Si je devais la résumer en quelques mots, je dirais : l’empathie, c’est savoir écouter, accueillir sans porter de jugement.

L’éducation nationale ferait preuve d’un grand discernement en proposant dans ces programme scolaires, des cours d’empathie. …..Et le monde irait bien mieux !!

C'est le printemps
Dans le ciel les matins chantent
La nature est belle et touchante
C'est la Fête du Dieu Pan

Les p'tites reinettes
Partent en goguette
Dans les mares qui crépitent
Tout le monde s'agite

C'est le temps de l'humeur joyeuse
Les lilas rose et blanc
Dispensent leur odeur capiteuse
Qui monte vers l'horizon transparent

Floraisons langoureuses
Dans les aubes encore brumeuses
Le printemps se sent pousser des ailes
Donne-moi la main, ma belle

Les saules nous saluent bien bas
Et le soleil nous tend les bras.
Nos cœurs pétillent
Au mois de mai qui scintille

C'est le printemps
Courrons dans les champs
jupe ouverte, bouche offerte
On va faire la fête.

Je l’attrape avec mon âme et il vient se poser doucement sur moi. Je ne résiste pas et le laisse entrer à l’intérieur de mon corps. Il emporte mes pensées au loin et me permet d’entrer dans un autre monde : celui des sensations. Dans le silence, j’écoute, je vois, je perçois l’impalpable, l’invisible qui m’accompagne tout au long de mon existence mais que  j’ai souvent du mal à ressentir. C’est l’autre face de la vie, celle qui me transforme et me permet de m’unir au Cosmos. C’est un souffle, une vibration qui vient me caresser et m’apaiser.

Le silence est porteur d’intuitions et m’ouvre souvent les portes de la création, tel un magicien qui fait surgir des objets avec sa baguette.

En vieillissant il devient plus présent mais aussi plus nécessaire à mon être car c’est  un véritable compagnon qui m’aide à mieux comprendre et intégrer tous les changements du monde environnant.

La lune glisse dans le ciel, à travers les nuages, toujours mystérieuse. Le vent caresse doucement les feuilles des arbres et les rues partent dans l’aventure de la nuit. Le silence occupe l’espace pour apaiser tous les bruits, toutes les consciences. Il est là, immobile…..Je le prends….Je le respire…..Je le vis

Le matin, c’est la vie qui commence, c’est la jeunesse du jour. J’aime tous les matins qu’ils soient d’hiver, de printemps, d’été et d’automne. Quand le soleil monte à l’horizon, la nature émerge de la nuit et ouvre un œil. C’est comme une naissance et moi je me dis que c’est un miracle. Tous les matins de ma vie sont des miracles ! : Je suis encore en vie. Je sors dans mon jardin respirer l’air pur. Tout y est gai, frais et facile.

Surtout il ne faut pas l’abréger en se levant tard !